Časopis ARS 36 (2003) 1

Radana ŽVAKOVÁ

Semiotika rámu I. Reflexia na tému limitov obrazu a limitov v obraze
[Sémiotique du cadre I. À propos des limites du tableau et des limites dans le tableau]
[Semiotics of the Frame I. Reflection on the Issue of Limits of an Image and Limits in an Image]

(Resumé)

Cette étude developpera les idées que l'analyse sémiologique de la représentation a consacré notamment a la question du statut des limites et des marges dans le tableau. En effet, le probleme du cadre ne se réduit pas a l'édification d'une certaine typologie des cadres existant dans l'ensemble de l'histoire de l'art et subissant son évolution. La question du cadre peut recouvrir bien plus que le champs fonctionnel, utile a définir les frontiéres du tableau. Le cadre s'impose non seulement en tant que tel, mais aussi en tant que structure institutionnelle, receptive et idéologique; il peut contribuer a la signification du tableau.

A l'évidence, la question du cadre a connu sa "naissance“ et rennaissance; identifiées dans plusieurs moments historiques anticipant chacun a son tour de nouvelles questions a son propos et a propos du tableau dont le cadre est le support. En relation avec l'emergence de l'art moderne, c'est le moment formel qui est souligné et trouve plus tard sa réflexion théorique dans l'étude de Meyer Shapiro. Le moment idéologique apparaît avec la réflexion au sujet du fonctionnement du musée en rapport avec le spectateur, l'oeuvre d'art, et l'auteur de l'exposition: l'intermédiaire sur lequel se porte l'attention est d'abord le cadre "physique" , puis parallelement le cadre institutionnel. Enfin il y a le moment théorique qui conjugue les questions du complément/supplément, ergon/parergon ou le cadre devient une sorte d'embleme de la pensée contemporraine. Elle se donne pour but de diluer, faire sublimer la séparation binaire qui accompagne cette pensée, et cela justement sur et dans ses limites.

Pour traîter la question du cadre, il est nécessaire d'introduire le contexte qui lui est propre: celui de la représentation d'ou provient aussi sa définition primaire. "Clôture reguliere isolant le champ de la représentation de l'espace environant" ou ce cadre-clôture, cet espace "entre" sert de voie de communication. Le cadre est donc la condition de visibilité et de presentabilité du tableau classique; et comme telle elle doit etre nécessairement investie par le pouvoir de contrôler la maniere de "regarder" et de "comprendre" la représentation. Ainsi le cadre, d'un côté instrument indispensable a la construction du tableau (remarquez ce sens impregné dans l'équivalent anglais frame), devient aussi pour certains (L. Marin) l'instrument de la déconstruction de la représentation.

La représentation entendue comme signe se définit par une relation de transparence dont l'idéal est une transition immédiate et pure du signe a la chose représentée: dans un tableau la métaphore bien connue de la transparence est la fenetre qui nous donne accés au contenu du monde representé. Le signe-représentation comporte néanmoins une part, un résidu qui ne se soumet pas a la dictée de la transparence absolue. Il y a une valeur réflexive dans le tableau, celle qui opacifie la transparence et dont le rôle est de montrer, d'exhiber, de présenter la représentation. Cette valeur qui est plus de l'ordre du véhicule que de message se trouve dans le champs de la présentation du tableau et renvoie dans l'histoire de l'art aux problemes de la scénographie, de la perspective et surtout de l'encadrement. Les limites du tableau (au niveau des plans, de la surface, de l'espace et du support) se rangent dans l'ordre de la spectacularité du tableau, elles offrent par la, l'occasion de dévoiler leur teneur idéologique et leur rapport avec le pouvoir. J'emprunte un exemple de le Brun que Louis Marin utilise pour démontrer la façon dont le cadre inscrit dans la structure du tableau la théorie de sa propre réception. Le cadre de la tapisserie des Histoires du Roi genere sa propre lecture dans la perspective de la dominance politique et historique de la monarchie française: tandis que la scéne représente les rois de France et d'Espagne dans l'égalité et l'harmonie, le cadre chargé de symboles de la monarchie française a l'ambition d'influencer le regard du spectateur.

C'est la pragmatique linguistique qui propose la méthodologie pour l'analyse du dispositif d'encadrement. La pragmatique opére sur le champs de la présentation et la communication du message, elle étudie la relation entre le signe-représentation et son récepteur. Le poids est non sur le contenu de l'énoncé, mais comment celui ci est transmis! L'exemple d´un énoncé "J'affirme que la terre est ronde" avec un côté constatatif (dire) et un côté performatif (montrer) démontre le fonctionnement de la pragmatique. Il existe dans la peinture aussi un montrer, un faire voir et faire communiquer - il est compris, bien entendu, dans le dispositif d´encadrement, dans le cadre et ses figures. La figure de l'indication, de monstration issue de la marge et se rapportant au texte a son pendant dans les tableaux dans les figures du "commentateur" (déja Alberti en parle) qui avec son geste et son regard simule comment la représentation doit etre reçue et perçue.

A la fin il m'a semblé intéressant de démontrer ses relations que le cadre peut etretenir avec son contenu sur un exemple plus que fameux: le cadre du titre des Vies de Vasari. Cet exemple est d´autant plus symptomatique qu'il encadre l'ensemble du contenu du livre ou sont données les premieres définitions et paradigmes de l'histoire de l'art. En relation avec les attributs du cadre on peut conclure sur les intentions de leur auteur: assigner aux artistes le statut de citoyens respectés, légitimer leur occupation comme une activité proche des arts libéraux, indiquer Florence avec ses mecénes comme une ville fiére et renaissante, et enfin surtout instaurer a l'art et aux artistes la gloire eternelle et l'immortalité.